02. Le Contexte

C’était toujours le même costume noir qu’il enfilait à chaque fois. C’était ce qu'il fallait pour cette occasion si particulière : mettre ses plus beaux habits noirs, toujours noirs, coller une expression triste sur son visage et verser quelques larmes. Car c’était la convenance. Car on pleurait toujours les morts, on avait toujours quelques sanglots qui remuaient l’âme pour ceux qui partaient, ceux qu’on ne verrait plus jamais sourire… Mais qui pour penser à ceux qui restaient ? Qui pour penser aux petites mains qui creusaient le plus parfait des lits, qui s’affairaient pour poser des fleurs sur la plus lisse des pierres, qui faisaient de leur mieux pour réconforter la veuve et l’orphelin ?

Personne.

Surtout pas quand ces mains-là ne portaient pas une seule ride, pas une seule marque du temps. Non, ces mains-là ne subissaient pas les conséquences de chaque seconde et ces mains-là ne seraient jamais marquées.

C’était les règles dans les terres froides de Vejle. Certains finissaient par s’éteindre, comme la nature voulait et d’autres persistaient, d’autres restaient… à jamais jeunes et à jamais libre de courir.